LES NANAS DE LA PLAGE SAUVAGE

Juillet 2020, Camargue – France




Cette série est le récit d’une spontanéité. L’histoire des trois jeunes filles que nous sommes, désinvoltes, désorganisées, culottées. Ces trois amies qui ont décidé d’arpenter la Camargue à vélo, pédalant à toute vitesse, ivres de bonheur et de soleil.


Ce jour là, après déjà de nombreuses péripéties, se produit l’ultime rebondissement d’une errance réussie : nous nous introduisons sur une plage privée d’une beauté inégalée. La plage Sauvage. Nos rires résonnent entre les chemins, au milieu des taureaux noirs, des flamands roses et des chevaux blancs. Nous savourons la magnificence du paysage qui s’offre à nous avec d’autant plus de joie qu’il est teinté d’un délicieux sentiment d’interdit.


Naturellement, nous ôtons nos maillots de bain pour sentir l’eau turquoise sur nos peaux sales de vagabondes. J’attrape mon appareil photo et demande à mes amies de réaliser toutes les acrobaties qu’elles maîtrisent, de s’essouffler à jouer dans l’eau et surtout de s’en foutre de tout.


Cette série explore la nudité féminine non pas sous l’angle de la sensualité, mais de la spontanéité. La nudité féminine telle que je la connais, entourée de femmes héritières de quelques révolutions de leurs aînées. De femmes qui voyagent et célèbrent la beauté d’une plage définitivement Sauvage en se mettant, tout simplement, nues.


Et pourtant, malgré toute cette légèreté, cette série est profondément politique. Parce que le monde dans lequel nous vivons voit dans la spontanéité féminine une occasion de plus de censurer la moitié de l’humanité. Cette moitié de femmes. Parce qu’une fois cette joie diffusée sur internet, on nous rappelle, une fois de plus, que les tétons de femmes doivent être cachés tandis que ceux des hommes s’exhibent à qui veut les voir.


Cette série est une invitation à la spontanéité, à la nudité et à la lutte. 

Clin d’oeil à Niki de Saint Phalles et ses Nanas.

JADE VERDA